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Le 5ème plan de sauvetage de l’euro est toujours aussi bancal
03/11/2011 11:11
Georges Papandréou a bien gâché le G20 de Nicolas Sarkozy. Jeudi dernier, il nous avait vendu le plan signé le matin comme nous ayant préservé d’un cataclysme économique. Pourtant, on constate que comme d’habitude, ce plan ne règle, que la Grèce reste ou non dans l’euro.
Pourquoi les marchés l’ont aussi bien accueilli ?
En effet, le moins que l’on puisse dire, c’est que les marchés financiers ont beaucoup apprécié ce 5ème plan de sauvetage de l’euro. Le CAC 40, qui était tombé sous les 2700 points en septembre, a dépassé les 3300 points jeudi, soit une progression de plus de 20% en à peine plus d’un mois, avant de retomber avec le référendum grec. Mais il faut tempérer ce jugement par le fait qu’il était à 4000 points au 1er juillet. Il n’a fait que rattraper la moitié du terrain perdu depuis quatre mois.
Malgré tout, il est un peu surréaliste de voir les marchés célébrer le fait que les banques vont abandonner la moitié de leurs créances sur la Grèce. Pourtant, cela n’est pas illogique. Tout d’abord, il faut savoir que la dette grecque s’échangeait entre 40 et 50% de sa valeur. Les dirigeants européens n’ont fait qu’entériner le cours des marchés. Et cette restructuration diminuait l’incertitude : mieux vaut abandonner 50% d’une créance contre une relative certitude que l’on sera payé.
Avant ce plan et à nouveau depuis la décision de lundi, les créanciers d’Athènes peuvent craindre de perdre l’ensemble de leurs créances tant il est évident que la Grèce ne peut pas les honorer. Le plan de la semaine dernière semblait repousser une issue à l’argentine jusqu’à la décision de Georges Papandréou. Aujourd’hui, on peut se demander si le premier ministre grec ne souhaite pas lui-même revenir sur une politique détestable pour rester dans la monnaie unique.
Pire, un autre foyer fait rage, indépendant de la décision d’Athènes, comme le démontre la courbe des taux à dix ans de l’Italie, qui a repassé le cap des 6%, malgré le rachat de cent milliards d’obligations par la BCE depuis trois mois (dont une part est consacrée à l’Espagne). Les taux italiens sont revenus au niveau qui avait déclenché la panique de cet été, ce qui pose la question de la capacité de l’Italie à financer elle-même sa dette de 1900 milliards d’euros.
En outre, l’augmentation des moyens du FESF reste une promesse totalement vaine pour l’instant et qui ne repose que sur du vent, d’autant plus que l’Allemagne a affirmé mercredi qu’elle ne donnerait pas un euro de garantie supplémentaire. Bref, la seule solution est que la BCE rachète la dette italienne de manière illimitée. Mais il semble impensable que l’Allemagne, le décisionnaire final, accepte longtemps une telle aide sans broncher, et donc la situation est totalement incontrôlable.
Bref, rien n’a été réglé la semaine dernière. Une 5ème rustine a été mise en place comme le montre la nouvelle crise ouverte par le référendum grec. Pire, même si les Grecs disaient « oui », d’autres foyers de crise ingérable subsistent : l’Italie ou le Portugal...
Laurent Pinsolle
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